Procès du sabotage climatique et social, sont appelés à la barre : Thomas Rudigoz et Hubert Julien-Laferrière

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Procès du sabotage climatique et social, sont appelés à la barre : Thomas Rudigoz et Hubert Julien-Laferrière

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Le 8 juin Charles de Lacombe sera jugé en appel pour avoir dénoncé le sabotage climatique et social d’Emmanuel Macron et du gouvernement en décrochant un portrait présidentiel. En cette période électorale, Alternatiba ANV Rhône appelle plutôt à la barre les 14 députés sortants du Rhône. D’ici au 8 juin, nous publierons deux “portraits” de députés sortants par jour. Leurs positionnements à l’assemblée sur les enjeux sociaux et environnementaux seront ainsi portés à l’attention du public [1]. Aujourd’hui, ce sont Thomas Rudigoz (Renaissance) et Hubert Julien-Laferrière (NUPES) qui sont appelés à la barre !

Thomas Rudigoz: Mis en examen

Alternatiba ANV Rhône retient plusieurs chefs d’inculpation pour le député sortant de la première circonscription :

Destruction des libertés individuelles

Dès le début du quinquennat, il a voté pour l’ensemble du projet de loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme. Ce projet de loi liberticide est contesté par la Quadrature du Net car il permettait de prolonger des mesures initialement prévues pour un état d’urgence (par exemple, l’utilisation de boite noire permettant une surveillance algorithmique des masses).

De même, le député accusé a voté pour la loi “sécurité globale” qualifiée de “dérive autoritaire en marche” par Les Amis de la Terre. Bien que le Conseil constitutionnel ait censuré certains articles, a posteriori bon nombre de mesures ont été déportées dans d’autres projets de loi comme celle permettant l’utilisation de drone par la police inclue dans la loi “Responsabilité pénale et sécurité intérieure“ promulguée en début d’année. Enfin Mr Rudigoz à également voté pour la loi “séparatisme” particulièrement préoccupante dans les perspectives de criminalisation des mouvements associatifs citoyens qu’elle permet.

Sabotage social

M. Rudigoz a voté pour la totalité du projet de loi de finance de 2018, y compris l’article 126 qui a mis en place les premiers mécanismes de réduction des APL. Il s’agit ici de la mesure responsable de la chute des moyens de subsistance de près de 30% des bénéficiaires !

M. Rudigoz a également voté pour la ratification du CETA allant à l’encontre de la préservation du modèle agricole français familial. Tous les syndicats agricoles, même la FNSEA(!), se sont vertement opposés à ce traité transatlantique. Alors que la précarisation du monde agricole n’a pas cessé de croître, M. Rudigoz n’était visiblement pas préoccupé par l’avenir de nos agriculteurs (et les autres risques que présente cet accord).

Sabotage climatique

M. Rudigoz a voté pour la loi climat et résilience, véritable mascarade démocratique illustrant parfaitement le manque d’ambition criminel du gouvernement sur les enjeux climatiques. À la suite des travaux de la Convention citoyenne pour le climat, l’Assemblée nationale aurait eu l’opportunité de promulguer des mesures réellement ambitieuses. Au contraire, la majorité n’a cessé de raboter par le bas chaque proposition des 150 citoyens. Par exemple M. Rudigoz a notamment voté contre une proposition d’amendement visant à avancer la date d’interdiction des moteurs thermiques à 2035 au lieu de 2040 (alors que les 150 avaient préconisé une interdiction dès 2025 pour les plus polluants, puis dès 2030).

Enfin M. Rudigoz à voté pour la loi ASAP qui a notamment permis l’accélération des procédures administratives concernant l’installation de projets industriels. Il est à noter qu’à la suite de nos actions d’interpellation vis à vis du développement d’Amazon en France, M. Rudigoz a déposé certains des amendements que nous lui avons suggérés. Exemple celui visant à assujettir les entrepôts du e-commerce aux autorisations d’exploitation commerciale, dans le but de limiter leur développement et protéger les commerces de proximité. Toutefois, M. Rudigoz n’a pas jugé bon d’aller défendre ces amendements à l’Assemblée puisqu’il n’a pas participé au scrutin public. Cela nous prouve le manque de considération qu’il peut avoir pour l’avenir du climat et celui des commerces de proximité.

Hubert Julien-Laferrière : Témoin assisté [2]

Alternatiba ANV Rhône s’interroge sur le niveau de naïveté et / ou de culpabilité de Mr Julien-Laferrière sur la première partie de son mandat alors député de la majorité à l’époque. Bien que Mr Julien-Laferrière ait quitté la majorité en mai 2020, il a durant près de 3 ans cautionné la politique gouvernementale.

En tant que témoin assisté, il devra notamment revenir sur :

Ambivalence de sa position sur les mesures liberticides

M. Julien-Laferrière devra s’expliquer sur ses prises de position pour le moins contradictoires à l’extrême puisque, tout comme Mr Rudigoz, il a voté pour l’ensemble du projet de loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme, mais plus tard contre la loi sécurité globale.

Cautions données à plusieurs projets de loi antisociales.

Il est reproché à Mr Julien-Laferrière de ne pas s’être opposé aux volontés gouvernementales et d’avoir cautionné plusieurs mesures phares comme la réduction des APL, dans le cadre du projet de loi de finance 2018. Tout comme Mr Rudigoz, Mr Julien-Laferrière a voté pour le CETA faisant fi de la contestation sociale qu’a pu susciter ce traité transatlantique.

Enfin, l’approbation par M. Julien-Laferrière de la réforme de l’assurance chômage votée en juin 2018 pour un député se qualifiant “de gauche” est pour le moins surprenante. Cette réforme portée à l’époque par l’actuelle première ministre avait suscité de vives oppositions chez les partenaires sociaux qui une nouvelle fois ont été ignorées par la majorité.

Sabotage climatique du gouvernement et l’ambivalence de sa position sur les pesticides

Mr Julien-Laferrière pourra témoigner du sabotage climatique orchestré par la majorité. Il pourra notamment expliquer le phénomène “playmobil” souvent mis en avant pour justifier l’absence totale de libre arbitre des députés de la majorité. Pour l’illustrer il pourra revenir sur ses votes personnels au sujet du glyphosate : à l’occasion de la loi Egalim il a voté à trois reprises contre l’interdiction, avant de voter le contraire en 2022. Il est à noter que Mr Julien-Laferrière fut particulièrement mobilisé pour réduire l’ambition de la loi Egalim à l’époque (ex : favorable à l’utilisation de drone pour l’épandage de pesticide, contre une interdiction élargie des néonicotinoïdes).

Est porté à l’attention du jury le fait qu’une fois “libéré” de la majorité, Mr Julien-Laferrière semble avoir retrouvé une certaine liberté de penser puisqu’il à voté contre la loi climat et résilience, contre le retour des néonicotinoïdes ou encore contre la loi ASAP.


[1] : Il est important de savoir que la très grande majorité des scrutins à l’assemblée sont réalisés à main levée sans aucune possibilité pour la société civile de connaître la position de leurs députés. Ce manque de transparence est lamentable et permet aux députés de ne pas être inquiétés même pour des prises de positions qui peuvent aller à l’encontre du bon sens. L’ensemble des portraits présentés dans le cadre de ce portfolio ne représente donc qu’une très faible facette du sabotage social et climatique qu’a pu effectuer le gouvernement et sa majorité pendant 5 ans.

[2] : Le témoin assisté est une personne mise en cause dans une affaire pénale. C’est un statut intermédiaire entre celui du témoin et celui du mis en examen. Ce statut donne des droits devant le juge d’instruction. Il peut changer au cours de la procédure.