27.01.21 – Forte mobilisation à Lyon et 500€ d’amende ferme requis pour Charles, militant climat et Décrocheur

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27.01.21 – Forte mobilisation à Lyon et 500€ d’amende ferme requis pour Charles, militant climat et Décrocheur

Communiqué Alternatiba ANV Rhône – Lyon, le 27 janvier 2021

Mercredi 27 janvier, Charles de Lacombe, militant climat & justice sociale, a comparu à 14H devant le Tribunal de Grande Instance de Lyon pour avoir décroché et « détourné de sa fonction principale » le portrait du président, il y a près de deux ans. Le procureur a requis une amende ferme de 500€. 

Arrêté suite à une action de désobéissance civile non-violente visant à dénoncer l’inaction du président et du gouvernement face à l’urgence climatique et sociale, Charles risquait jusqu’à 7 ans de prison et 100.000€ d’amende.

→  Lire le témoignage de Charles

Réquisitoire 

Après une heure d’audience, le procureur a requis pour Charles une amende ferme de 500€. Le verdict sera rendu le 1er mars à 14H. Le procès de Charles s’inscrit au cœur d’une longue série : sur tout le territoire, 40 procès ont eu lieu ou vont avoir lieu. Fait notable, ces procès ont conduit à plusieurs décisions de relaxe en première instance, par exemple à Lyon en septembre 2019, et plus récemment à Valence en novembre 2020, au titre de l’état de nécessité et de la liberté d’expression.

Charles, portant un portrait détourné du président Emmanuel Macron. 27 janvier 2021.
Crédit : Michael Augustin.

Une forte mobilisation ce 27 janvier 2021

De nombreux citoyens se sont rassemblés ce mercredi 27 janvier à 12H30 Place Guichard (Lyon 3ème) pour soutenir Charles, militant climat de 26 ans, avant son entrée au Tribunal de Grande Instance, temps fort de la mobilisation. Plusieurs soutiens et personnalités ont été invités à prendre la parole, introduits par Tatiana Guille, 19 ans et porte-parole Alternatiba ANV Rhône. Parmi eux, Fanny Delahalle et Pierre Goinvic, décrocheurs lyonnais de portraits présidentiels qui avaient bénéficié en 2019 d’une relaxe historique, Thomas Dossus, Sénateur (Europe Ecologie Les Verts), Magali Romaggi (France Insoumise) et Agnès Ducharne, climatologue, directrice de recherche au CNRS, témoin. 

Les portraits détournés par des artistes y ont été présentés, et seront vendus ce soir lors d’une vente aux enchères en soutien aux actions de Charles. 

Agnès Ducharne, climatologue, directrice de recherche au CNRS, témoin, durant la mobilisation en soutien à Charles : 

“Comme tous mes collègues, je suis souvent saisie d’un sentiment d’impuissance, parfois d’inutilité. Je suis doublement reconnaissante à Charles car en témoignant pour lui j’ai l’impression d’être un peu plus utile… Mais aussi parce qu’il a pris des risques personnels pour faire avancer la société française sur l’urgence climatique, et j’espère qu’il rencontrera plus de succès que nous autres scientifiques pour induire un vrai changement.”

Charles de Lacombe, juste avant son entrée au Tribunal de Grande Instance de Lyon. 27 janvier 2021. 
Crédit : Michael Augustin.

Le but : dénoncer le double discours et l’inaction

C’est la communication d’Emmanuel Macron qui a été visée, et notamment son double discours permanent : il se présente comme un leader mondial sur le climat, se félicite d’avancées sociales, et en même temps mène en France une politique climaticide et antisociale. Il s’érige en champion de la Terre mais ne fait même pas en sorte que la France respecte les Accords de Paris, comme le pointent régulièrement les ONG et même les institutions, à l’image du Haut Conseil pour le Climat qui dénonce « l’accroissement des annonces » dans son rapport annuel, ou du Conseil d’État qui intime au gouvernement de « justifier » que les mesures sont suffisantes et adaptées. A Lyon comme dans d’autres villes de France, le problème de la pollution de l’air est récurrent, pointé depuis plusieurs années et l’inaction de l’Etat et sa responsabilité ont été reconnues à coup de procès. 

Maître Rebérioux, avocate, cet après-midi durant le procès, mercredi 27 janvier 2021 : 

“Le prévenu a souhaité par ses actions interpeller les pouvoirs publics et alerter l’opinion et cela doit être reconnu par votre juridiction, peu importe la qualification que vous retenez (…). Dans cette action, il y a eu une réelle volonté pédagogique, par conséquent toute condamnation serait disproportionnée. Nous demandons, pour cette raison, la relaxe.”

Charles de Lacombe, prévenu, en clôture de son audience : 

“Je suis en colère. La défense l’a dit, je ne recherche pas les coups d’éclat ; ça ne m’amuse pas de faire ces actions. Chaque degré compte et c’est très concret. Ça concerne chaque personne dans cette salle, ça vous concerne aussi, ça concerne tout le monde. Je suis heurté par les propos du procureur. Je ne prends pas cette cour pour une tribune politique, j’ai du respect pour elle. J’espère que la justice sera capable de faire son travail, en tant que pouvoir indépendant, ce qui est fondamental pour la démocratie.”

La campagne Décrochons Macron

La campagne « Décrochons Macron » du mouvement ANV-COP21 vise à dénoncer l’inaction d’Emmanuel Macron et de son gouvernement face à la crise climatique et sociale. L’objectif de cette campagne : réquisitionner partout les portraits du président présents dans les mairies pour laisser symboliquement des murs aussi vides que sa politique climatique et sociale.

Et après ? 

Après la relaxe historique qui avait été prononcée le 16 septembre 2019, les deux Décrocheurs de portrait lyonnais, Fanny Delahalle et Pierre Goinvic avaient à nouveau été convoqués devant la justice en appel à Lyon. Le procureur avait constaté la relaxe en première instance et requis des amendes fermes de 500 euros. Aujourd’hui, l’affaire est portée en cassation et le procès toujours en cours.  

Au moins 17 autres procès sont à venir pour ce premier semestre 2021, dont huit entre les mois de janvier et de mai. Les autres (quatre procès en appel, quatre pourvoi en cassation et un en première instance), n’ont pas encore de dates fixes.
L’issue des procès dépend et varie selon les tribunaux : des amendes fermes jusqu’à 800 euros ont été requises, des amendes avec sursis, et dans les meilleurs cas, dispense de peine, relaxe ou annulation de procédure. 

Les prochains procès auront lieu à Saint-Etienne, le 1er février 2021, à Reims le 16 février 2021, et une forte mobilisation est déjà prévue pour le procès du 23 Mars 2021 à Amiens.