La bataille des retraites est une bataille écologique
Ce mardi 31 janvier aura lieu une nouvelle journée de grève et de mobilisations contre la réforme des retraites du gouvernement. Alternatiba ANV Rhône appelle à rejoindre et soutenir les syndicats et les différentes mobilisations. Cette réforme vise à repousser l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans et instaure 43 annuités de cotisations pour pouvoir partir à la retraite à taux plein. Dans un contexte de crises sociales et climatiques, le gouvernement propose de travailler plus, ce qui se fera donc au détriment de nos vies, de notre santé et de l’environnement, et au profit des plus riches.
Le gouvernement veut nous faire travailler plus. Pour produire quoi et comment ? Dans quelles conditions ? Qui va en bénéficier ? Toutes ces questions resteront à dessein sans réponse. Travailler plus, pour subvenir aux besoins de la population ? Pour rénover de manière performante 700 000 passoires thermiques par an ? Pour prendre soin des un‧es et des autres ? Pour installer des énergies renouvelables ? Pour l’éducation de nos enfants ? Pour rapprocher les services publics des quartiers populaires et des territoires ruraux ? Non, rien de tout ça, le gouvernement veut nous faire travailler plus pour produire toujours plus, sur une planète aux ressources finies, au détriment de nos vies et des écosystèmes, au nom de la croissance, qui n’a d’intérêt que pour les actionnaires. Les constats du GIEC sont pourtant là : nous devons sortir du modèle productiviste. Nos activités, nos échanges, nos vies n’ont pas à être soumises en permanence à la rentabilité.
Des cadeaux à ceux qui brûlent l’avenir
D’un côté le gouvernement fait des cadeaux fiscaux aux entreprises et aux plus riches (157 milliards par an), et d’un autre côté le gouvernement veut faire des économies sur nos vies (assurance chômage, APL, inaction climatique, et maintenant la réforme des retraites). Pour le dire autrement : la réforme des retraites consiste à rogner sur le salaire continué, notamment sur celui des personnes les moins aisées pour alimenter la fortune déjà croissante des plus riches, participant d’une logique globale de l’affaiblissement, de la destruction du système par répartition au service des profits individuels. Cette logique favorise les retraites par capitalisation, donc les fonds de pension et leurs activités financières spéculatives et climaticides. Parmi ces fonds de pension, une société dont le nom est connu, notamment pour ses liens avec Emmanuel Macron : BlackRock. Elle, qui en 2018, contrôlait plus de réserves fossiles que n’importe quel autre investisseur, fait son beurre sur le pétrole, le gaz et le charbon.
Vers toujours plus d’inégalités
Augmenter la durée du temps de travail en reculant l’âge de départ à la retraite, c’est aussi diminuer l’espérance de vie en bonne santé, en particulier celle des plus pauvres. Cela accentuera davantage la vulnérabilité des personnes âgées aux conséquences du dérèglement climatique, mais aussi celle des femmes : en effet, les inégalités au travail (salaires, carrières interrompues, temps partiel, etc) se prolongent lors de la retraite, avec des pensions plus faibles et des départs plus tardifs. Allonger encore la durée de cotisation ne ferait que creuser le fossé qui existe déjà entre les femmes et les hommes – tant pis pour la « grande cause des quinquennats ».
Et contrairement à ce que veut nous faire croire le gouvernement, cette réforme risque également d’entraîner une hausse du chômage pour les personnes en fin de carrière, les enfermant dans une spirale infernale pour plusieurs années supplémentaires plutôt qu’un temps libéré, leur permettant de décider de façon autonome comment s’impliquer dans la société. Les retraité‧es se consacrent en effet à de nombreuses activités non marchandes mais précieuses : par exemple un tiers des retraités s’investissent et font vivre nos associations, ou encore 23 millions d’heures de garde d’enfants par semaine sont assurées par des grand-parents retraité‧es, soit autant que des assistantes maternelles.
Reprenons le pouvoir sur nos vies !
Alternatiba ANV Rhône agit au quotidien pour construire un monde juste, soutenable, solidaire où c’est la vie avec les autres, pour les autres, qui est au cœur des préoccupations, pas le travail pour le travail. Oui, nous avons besoin de nous retrousser les manches pour faire bifurquer notre modèle de société, mais pour cela le travail et les richesses doivent être mieux répartis, en repensant collectivement les activités à faire croître et celles à faire décroître, en décidant collectivement où doivent être alloués les fruits de notre travail. En d’autres termes, réduire le temps de travail et reprendre le pouvoir sur nos vies. Travailler moins pour travailler toutes et tous, et travailler moins pour vivre mieux. Pour toutes ces raisons, en plus de celles avancées par les syndicats, nous nous opposons fermement à cette réforme et revendiquons son abandon pur et simple sans concession, ainsi qu’une réduction du temps de travail. Après avoir participé à la mobilisation du jeudi 19 janvier, nous appelons à nouveau à participer à celle de ce mardi 31 janvier, ainsi qu’à toutes les suivantes. Retrouvons-nous toutes et tous dans la rue contre cette réforme inutile, injuste et anti-écologique !
Article publié initialement le 18 janvier, mis à jour le 26 pour appeler à la prochaine mobilisation.