Deux mois de suspension de permis et 300 euros d’amende requis à l’encontre d’Alex, militant climat anti-pub
Communiqué Alternatiba ANV Rhône, Lyon, le 2 Juin 2020. #NiPubNiProcès
Renvoyé devant une juridiction collégiale le 7 octobre dernier, le procès d’Alex Montvernay, militant climat antipub a bien eu lieu ce mardi 2 Juin au Tribunal judiciaire de Lyon. Une audience qui s’est déroulée à huis clos et dont les témoins, Delphine Batho, députée et ancienne Ministre de l’Ecologie, et Mehdi Khamassi, chercheur en neurosciences au CNRS, ont défendu la légitimité du geste d’Alex. Le procureur a requis à son encontre 300€ d’amende et 2 mois de suspension de permis.
La lutte contre la publicité, un combat qui s’inscrit dans le mouvement climat
Depuis bientôt 3 ans, différentes organisations et collectifs citoyens interpellent la Métropole de Lyon par tous les moyens sur le caractère néfaste de la publicité, son impact sur le climat et la surconsommation qui participent à un système dont nous savons devoir sortir. Suite à une action de désobéissance civile non-violente visant à recouvrir l’Hôtel de la Métropole de Lyon d’affiches publicitaires le 24 mars 2019, Alex Montvernay – militant d’Alternatiba ANV Rhône – a été interpellé et a passé 26h30 en garde à vue. Il est aujourd’hui poursuivi en justice par la Métropole de Lyon pour cette action visant à dénoncer l’inaction des élus sur la question de la place de la publicité dans l’espace public. Lors d’une consultation citoyenne initiée par le collectif Plein la Vue et l’UCIL, 97% des habitants interrogés se sont déclarés défavorables à l’arrivée des écrans numériques publicitaires en ville. Or, la Métropole de Lyon, présidée par David Kimelfeld, a toujours l’intention aujourd’hui d’autoriser ces écrans dans son projet de Règlement local de Publicité Intercommunal (RLPi) dont le vote ne cesse d’être repoussé.
“Cette action de désobéissance civile s’inscrit dans le contexte des grandes marches pour le climat où la jeunesse s’est fortement mobilisée. Le délibéré de ce procès sera aussi un message envoyé à toute la jeunesse qui se mobilise” déclare Delphine Batho, témoin à l’audience, le 2 juin 2020 à Lyon.
Depuis le 7 octobre 2019, date du premier procès d’Alex, renvoyé à l’époque en raison de la “complexité de la nature des faits, du contexte et des discussions de société soulevées”, le mouvement anti-pub lyonnais n’a cessé de s’intensifier. Des actions de recouvrement massives ont eu lieu dans la métropole de Lyon, notamment en novembre dernier pour s’opposer à l’arrivée des écrans numériques publicitaires dans les rues. Le 14 février 2020, une nouvelle brigade anti-pub – les “PubBusters” – a fait son apparition tandis que des actions de recouvrement décentralisées ont eu lieu dans plus d’une vingtaine de villes en France. A l’approche du second tour des élections municipales et métropolitaines, les candidats se positionnent : le sujet de la publicité reste au coeur du débat démocratique (article PLV).
Une vague d’actions en soutien à Alex et une table ronde pour enrichir le débat
Ce mardi, en raison de la situation sanitaire, pas de mobilisation de soutien aux abords du Tribunal Judiciaire. Alex s’y est rendu entouré de ses deux témoins et de ses proches. Seule la presse et les témoins étaient autorisés à assister à l’audience. Mais ces conditions n’auront pas suffit à décourager les élans de soutien qui s’étaient exprimés le 7 Octobre sur la place Guichard avec la présence de nombreuses organisations. Cette fois ci c’est à travers toute la France que des groupes locaux d’ANV-COP2 se sont mobilisés en menant des actions de recouvrement publicitaires. Sur les affiches placardées, on pouvait lire “Condamnons la publicité, pas celles et ceux qui la dénoncent !”, “Moins de publicitaires, plus d’infirmières” ou encore “La pub détruit le climat” (article ANV COP21). Plus d’une centaine d’activistes ont ainsi affiché leur soutien à Alex quelques jours avant son procès.
Une vague d’actions de soutien partout sur le territoire, comme à Besançon le 30.05
La veille du procès, une table ronde en ligne organisée par Alternatiba ANV Rhône a permis de rappeler que la publicité joue un rôle central dans le système économique actuel, et son lien avec le dérèglement climatique. Après 1h30 de débats animés entre Mariana Mirabile (économiste et militante Alternatiba), Mehdi Khamassi (chercheur en neurosciences), Marie Cousin (présidente du collectif Résistance à L’Agression Publicitaire) et Eric Piolle (maire de Grenoble), ce dernier a conclu en connaissance de cause, que “la publicité est un choix politique”. L’action pour laquelle Alex est jugée allait en ce sens.
“Si Alex est condamné pour ce procès, c’est toute la lutte de la jeunesse pour le climat qui est condamnée”
Une heure et demi d’audience au cours de laquelle son avocat Me. Fourrey a plaidé l’état de nécessité et la légitimité de l’action d’Alex pour dénoncer l’inaction de la Métropole face au sujet de la publicité. Mehdi Khamassi, chercheur en neurosciences et sciences cognitives au CNRS, témoin pour cette audience, affirme que « De nombreuses données scientifiques montrent aujourd’hui l’influence néfaste de la publicité de masse sur nos cerveaux et nos comportements. Son caractère répétitif et invasif influe sur les mécanismes de conditionnement dans le cerveau, de captation de l’attention, et d’influence sur nos émotions. Ceci pose de véritables problèmes sanitaires, notamment liés à la surconsommation ou à des problèmes de santé publique comme l’obésité. Il y a donc urgence à limiter le déploiement des dispositifs numériques publicitaires. » Il ajoute également « je considère qu’il y a une urgence à la fois écologique, sanitaire et sociale à freiner l’expansion du marché publicitaire et à le ramener à une échelle raisonnable qui joue son rôle d’information accessible de façon délibérée pour le citoyen dans l’espace public ».
Quant à Delphine Batho, elle a témoigné de la puissance des lobbys publicitaires à l’assemblée nationale en citant plusieurs exemples. Et pour le cas d’Alex, sa position est claire : “Si Alex est condamné, c’est toute la lutte de la jeunesse pour le climat qui sera condamnée”. Si la relaxe est espérée, l’objectif reste surtout de faire avancer les positions de la Métropole de Lyon sur ce sujet pour prendre des mesures fortes et courageuses. Aujourd’hui à Lyon, le procureur a requis 300 euros d’amende et une suspension de permis de 2 mois contre le prévenu. Le délibéré sera rendu le 2 juillet 2020.
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Crédit photo : Lucas Lemmel
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