Campagne Plan Climat : le bilan
Lundi 16 décembre 2019, la Métropole de Lyon a acté le nouveau Plan Climat Air Energie Territorial, clôturant ainsi la campagne d’Alternatiba/ANV Rhône. Retour sur cette campagne.
Naissance
La campagne Plan Climat d’Alternatiba/ANV Rhône est née en juin 2018 grâce à une impulsion nationale du nom d’Alternatives Territoriales. Suite à une journée de formation, un peu de réflexions d’analyse de la situation, le groupe a décidé nécessaire de s’engager pour influencer ce projet de plan climat qui était en cours d’élaboration à la Métropole de Lyon.
Dès le départ le groupe s’est fixé plusieurs objectifs :
L’implication des citoyen dans le plan climat
Pour que les changements soient d’ampleur suffisante, il faut que les citoyens les soutiennent. Nous considérons que plus les citoyens sont impliqués tôt dans le déroulé du PCAET, plus l’adhésion sera forte. Donc notre objectif principal est d’inclure les citoyens dans le PCAET selon différent niveau d’engagement :
- l’élaboration du plan
- à la construction des actions
- au suivi des engagements
- comment mettre le citoyen en mouvement sur des pratiques individuelles
Il s’agit cependant d’un point compliqué sur lequel personne, que ça soit au sein d’Alternatiba/ANV Rhône, des associations de la Coalition Climat Rhône ou de la Métropole, n’a une expertise poussée.
Des mesures plus ambitieuses
Les marches pour le climat ont participées à la création d’un rapport de force favorable. Grace à cette situation nous avons souhaité pousser des mesures plus ambitieuse qui seraient ajoutées au plan climat. Ces mesures servant de bases aux changements de politiques radicales nécessaire sur le territoire et de réaliser un effet d’entraînement.
Rendez-vous avec les services de la Métropole, accès au document de présentation du plan climat, documentation sur les impacts du dérèglement climatique sur le territoire… Ces premières étapes nous ont permis de nous former aux enjeux, acquérir les connaissances nécessaire et lancer la dynamique. Elle nous également permises de s’approprier le calendrier du PCAET, l’implication des citoyens étant trop tardive, il était encore temps pour les associations de se positionner.
Ce calendrier puis des discussions en off avec des élus, nous ont permis de comprendre qu’il était trop tard pour impliquer correctement les citoyens dans l’élaboration du plan, mais qu’il était encore temps pour des associations travaillant déjà sur ces sujets de se positionner.
De la formation… à la mobilisation citoyenne !
Afin de recruter et sensibiliser le public à ces enjeux de PCAET, le groupe a assuré la permanence d’un stand pendant les deux jours du village des alternatives au Parc Blandan le 25 et 26 août 2018 où nous présentions notre campagne et vulgarisions les documents de la Métropole.
Cela a aussi été l’occasion d’organiser une grande table ronde réunissant plus de 130 personnes et 6 intervenants pour nous éclairer en quoi l’échelon local est un levier important pour le climat.
Lors de cet événement et de part nos liens avec différentes organisations au sein de la Coalition Climat Rhône, nous avons été informé de l’organisation d’une réunion pour une mobilisation le 8 septembre 2018, réunion qui a pris une toute autre ampleur à la suite de la démission de Nicolas Hulot le 27 août 2018. Nous avons décidé de nous rendre à cette réunion, senti l’intérêt de créer un rapport de force dans la rue et engagé nos forces dans l’organisation de cette mobilisation.
Suite au succès de la mobilisation, nous avons obtenu un rendez vous avec le président de la Métropole : le groupe d’organisation de la marche nous a désigné avec des membres de la Coalition Climat Rhône comme légitime pour présenter des revendications autour du Plan Climat. Nous présentons alors 4 revendications :
- Le désinvestissement des énergies fossiles
- L’alignement des objectifs du PCAET avec ceux de l’accord de Paris
- L’implication des citoyens dans l’élaboration du PCAET
- Un rehaussement des mesures prévus dans le plan Oxygène
Dès ce premier rendez vous, nous sentons que la Métropole s’intéresse à l’implication des citoyens dans le PCAET seulement sous l’angle de “comment mettre le citoyen en mouvement sur des pratiques individuelle” même si nous obtenons des premiers pas, extrait du CR officiel de la Métropole à l’appui :
“L’association renforcée des citoyens servira à la fois :
- à mieux faire connaître les objectifs et les actions de la Métropole,
- à confronter les citoyens à leurs propres contradictions,
- à échanger sur de nouvelles idées, de nouvelles actions qu’apportera la société civile
- à emmener le plus grand nombre de personnes dans la lutte contre le dérèglement climatique
- à faire évoluer durablement et efficacement les comportements, de manière à réduire à plus grande échelle encore les émissions de CO2 sur le territoire
“
L’organisation d’une soirée de recrutement en septembre 2018 lance une nouvelle dynamique dans laquelle est entamée la rédaction du Manifeste pour une Métropole Vivable. Fruit d’une collaboration entre associations et citoyens il présente des mesures fortes à mettre en place rapidement par la Métropole de Lyon afin qu’elle réduise drastiquement ses émissions de gaz à effet de serre.
Le 13 octobre 2018 nous participons à l’organisation d’une deuxième mobilisation de masse afin d’amplifier le rapport de force et obtenir des engagements claires. A la suite de cela un deuxième rendez-vous avec le président de la Métropole de Lyon à lieu :
Remise du Manifeste pour une Métropole Vivable, demande de mesures fortes sur la pollution de l’air, insistance sur des désaccord… L’écoute et l’ambiance est différente de la première fois mais il nous ai cependant présenté un nouveau calendrier (peu cohérent pour inclure réellement l’avis des citoyens) pour l’élaboration du PCAET, avec des ateliers afin d’inclure les citoyens dans l’élaboration.
Nous n’obtiendrons jamais de retours quant à notre manifeste pour une métropole vivable…
Campagne pollution de l’air
Lors de ce travail de plaidoyer et de compréhension du fonctionnement la Métropole, nous souhaitions continuer à pousser les élus à prendre des décisions fortes autour de la pollution de l’air. Nous avons donc écrit un plaidoyer commun à différentes organisations et participons officiellement à la consultation autour de la ZFE que nous présentons à l’élu en charge Thierry Phillip.
Face à la non réponse en décembre de la Métropole, nous actons une grande campagne inter organisation autour de la pollution de l’air en janvier 2019 qui aboutira en juin 2019 par l’obtention d’expérimentation de la piétonisation. Nous avons déjà dressé un bilan de cette séquence en février 2019 qui marque une première rupture du dialogue avec les élus de la Métropole de Lyon.
Cette séquence sera aussi l’occasion de lancer les offensives contre le projet d’Anneaux Des Sciences.
Ateliers de la Métropole
Suite à cette séquence exceptionnelle du mouvement climat, le discours avec la Métropole est rompu et nous savons ne plus rien pouvoir attendre de celle ci autour du plan climat. Nous sommes devenu un problème, nous devons continuer le rapport de force autrement.
Ainsi nous assistons aux réunions de préparation de la concertation avec les citoyens, notamment une réunion très intéressantes où est réunis une cinquantaine de représentant d’associations tant climat que sociale. Très vite les associations présentes (ne faisant pas partis de la Coalition Climat Rhône) expriment leur méfiance vis à vis de la Métropole qui leur présente un plan de communication et de sensibilisation des citoyens (chose que les associations font quotidiennement) mais qui est très flou quant aux véritables possibilités de co-élaboration et évaluations de politiques publiques mis en place dans le PCAET ou dans les politiques sociales !
Nous profitons du grand événement de rassemblement de 300 acteurs associatifs le 9 mars 2019 pour enfoncer le clou des incohérences de la Métropole notamment sur l’anneau des sciences :
Mettons la volonté politique en perspective, on nous présente un fond d'investissement de 1Millions d'euros face aux 5,9Millions d étude pour le projet climaticide d'Anneaux Des Sciences. Quelle cohérence ?
+ Une solution de financement local avec @La_Gonette#OnSyMetTous #GPI pic.twitter.com/lvgIwBjSRw
— Alternatiba ANV Rhône (@alternatiba69) March 9, 2019
Ce sujet d’Anneau Des Sciences sera une semaine plus tard au coeur de la polémique avec un président de la Métropole tentant d’influencer des députés pour récupérer des financements après son grands discours sur le climat de samedi 9 mars. Nous demandons alors un positionnement clair de la Métropole sur ce sujet menaçant de nous retirer du processus de co-élaboration du PCAET, s’agissant pour nous d’une ligne rouge.
Nous n’avons plus eu d’échange officiel avec la Métropole depuis lors, ni participé officiellement aux ateliers mais David Kimelfeld, président de la Métropole, a annoncé vendredi 29 novembre 2019 en tant que candidat son abandon de l’Anneau Des Sciences !
Nous avons cependant regardé avec attention le déroulé des ateliers ou bien celui du village des alternatives made in Métropole. Ces ateliers ont aboutis à des comptes rendus inégales (à noter la constitution d’un livret de restitution publié récemment) alors même que le PCAET était soumis à la consultation officielle (pas de communication dessus) et donc non modifiable, par la suite la Métropole a proposé la constitution d’un groupe miroir pour étudier les propositions et les intégrer au plan climat comme l’explique Lyon Capital : “
Les propositions retenues seront ensuite soumises à un comité de pilotage politique composé d’une dizaine d’élus métropolitains. Ces deux groupes vont opérer un tri sélectif des actions à travers quatre critères : faisabilité et caractère concret de la proposition, efficacité (tonnes de CO2 évitées), coût (de la tonne de CO2 évitée) et caractère inclusif et dimension solidaire. Les propositions retenues seront incluses dans la délibération plan climat votée lors du conseil métropolitain de décembre.
Ces deux tris ont déjà commencé à faire grincer quelques dents du côté des associations, mais aussi élus. Selon nos informations, la Coalition climat a demandé a pouvoir participer au groupe miroir “ne serait-ce que pour voir les forces en présence“. Interrogé sur l’objectivité des choix, David Kimelfeld se dit ouvert à la “transparence“, “On peut ouvrir ces commissions, plus il y a de la transparence là-dessus, mieux c’est“.
“
La campagne électorale est engagé, les promesses sont nombreuses …
Conclusion
Reprenons à présent l’analyse de notre campagne en fonction de nos objectifs initiaux.
Au niveau de l’élévation du niveau d’ambition du plan climat, nous pouvons intégrer l’obtention des expérimentations de piétonisations qui est une conséquence direct de l’ensemble de nos apprentissages de la campagne Plan Climat. La Métropole est aussi passée d’un objectif légal de -75% d’émission à 2050 à -80% qui est encore loin de l’ambition de neutralité carbone (Cf PCAET 2019-2030).
Au niveau de l’implication des citoyens et associations dans l’élaboration du plan climat (même si il s’agit d’une co-élaboration factice), nous avons obtenu l’organisation de dizaines d’ateliers et un grand rassemblement : toutes les associations ont pu entendre parler du plan climat et de son rôle. Nous ne pouvons qu’espérer que cette dynamique d’atelier se poursuivra pour co-construire les actions du PCAET qui seront à élaborer et mettre en place dans les prochaines années (cf synthèse des ateliers).
La sensibilisation des citoyens a été initié notamment par le biais du village à Miribelle et la communication On S’y Met Tous mais aussi l’obtention de financement pour le programme Ambassadeur de Anciela.
La possibilité de suivre les engagements en étant par exemple partenaire du PCAET et donc invité de fait à toutes les réunions officielles a été évoqué dès septembre 2018 mais la Métropole ne sera jamais revenus vers nous pour nous inclure, nous pouvons cependant noter l’inclusion de nouvelles associations de sensibilisation comme The Greener Good, qui ont maintenant un terrain plus propice pour discuter avec la Métropole.
Ce bilan ne retraçe évidemment pas l’ensemble des éléments que nous avons pu apprendre notamment en terme de rapport de force, d’organisation de groupe, de structuration d’un plaidoyer… Cette campagne nous a permis de lancer une véritable commission plaidoyer local au sein d’Alternatiba/ANV Rhône qui s’active à présent sur de nombreux sujets et alimentera l’ensemble de nos futures luttes.