Pollution de l’air | Mobilisation citoyenne : par milliers – Métropole de Lyon : 0 !
Janvier 2019 Pollution de l’air à Lyon :
un mois d’actions et de propositions citoyennes
Quelles réactions ?
“Le projet de Zone à Faibles Emissions (ZFE) de la métropole de Lyon est clairement de laisser 7 700 personnes sur-exposées aux NOx en 2021. Quel est le projet ? Quelle limite s’autorise-t-on ? Qui sont ces 7 700 personnes ?” Maxime Forest, militant Alternatiba/ANV Rhône s’indigne comme une grande majorité de citoyens et d’organisations mobilisés ces derniers mois.
La ZFE, c’est quoi ?
Mises sur le banc des accusés par l’Europe, les collectivités incriminées pour sur-expositions aux NOx ont été forcées de réagir. C’est ainsi qu’est née la Zone à Faibles Émissions (ZFE) afin d’éviter à tous prix une condamnation budgétaire de l’Europe. Et voilà ce qui fixe le niveau d’ambition de la métropole de Lyon : le minimum. Après des mois de rendez-vous et de consultations des acteurs économiques, omettant d’interroger les victimes de la pollution de l’air, la métropole se lance dans une ZFE sans ambition, dont la vision s’arrête à 2021 et qui consacre un modèle pétrolier mortifère.
La métropole de Lyon choisit donc d’interdire progressivement l’accès à son hyper centre urbain les véhicules utilitaires et poids lourds les plus anciens. Soit. Mais quel message est envoyé à ces professionnels, propriétaires de ces véhicules ? Quelles alternatives ont-ils à leur disposition ? Aucune. ils rachetteront donc un véhicule fonctionnant probablement au diesel (malgré les subventions mises en place), émetteur de particules encore plus fines et dangereuses, que nous ne savons pas mesurer, ni réglementer.
La pollution de l’air mise sur la table
Dès le 8 septembre 2018 et la première Marche pour le climat qui rassembla plus de 15 000 personnes, les organisateurs ont mis sur la table l’urgence sanitaire et climatique que représente la pollution de l’air face au président de la métropole, David Kimelfeld. Ils réitéreront à trois reprises, sans relâche à chacune des mobilisations pour le climat.
600 coureurs masqués sur la ligne de départ du Run In Lyon
Le 7 octobre 2018, Alternatiba/ANV Rhône soutenu par Greenpeace Lyon et des Amis de la Terre Rhône mènent une campagne de sensibilisation et de mobilisation lors de la course populaire aux 28 000 participants, le Run In Lyon. 600 coureurs prennent la ligne de départ ce jour là symboliquement munis d’un masque pour dénoncer la mauvaise qualité de l’air dans notre ville, opération largement relayée médiatiquement.
Photo Romain Chambodut, Run In Lyon, le 7 octobre 2018
Contribution de la Coalition Climat Rhône
En décembre dernier, la Coalition Climat Rhône, qui regroupe de nombreuses associations de la métropole de Lyon, contribue officiellement à la consultation publique, méconnue du plus grand nombre, sur le sujet de la ZFE. La Coalition Climat Rhône reconnaît l’avancée mais pointe surtout l’occasion manquée qu’elle représente pour répondre à une urgence sanitaire, sociale et climatique qui n’est plus à prouver. [Contribution à la concertation, 16/12/2018]
Cette ZFE pourrait être l’occasion de planifier la fin du diesel d’ici 2024 et de l’essence d’ici 2028 dans le centre de Lyon, Villeurbanne, Bron, Caluire et Vénissieux, comme l’a prévu la ville de Paris. Les alternatives à la voiture individuelle existent dans ce périmètre. Il faut certes les développer, mais la Coalition Climat Rhône constate une utilisation déraisonnée de la voiture individuelle : la moitié du trafic à destination de Lyon-Villeurbanne le matin se compose de voitures individuelles qui partent de Lyon-Villeurbanne. De la pédagogie et des alternatives sont nécessaires comme le sont des arrêtés incitant à d’autres mobilités.
L’actuelle nous tue à petit feu : 6 mois d’espérance de vie en moins pour les Lyonnais.
Nous ne voulons plus d’une mobilité du 20ème siècle, inéfficiente : il est plus rapide de se déplacer à vélo dans Lyon, et encombrante : 60% de l’espace public dédié à la voiture. Tout cela nous dirigeant inexorablement vers une fin du monde maintenant certaine via nos émissions de CO2 et des fins de mois impossibles à boucler via notre dépendance au pétrole.
Les citoyens passent à l’action
Alors que le vote de cette ZFE est annoncé pour le conseil métropolitain du 28 janvier 2019, les organisations lyonnaises signifient clairement qu’il est urgent que la métropole se montre responsable et à la hauteur des enjeux climatiques et de santé publique. Cette ZFE doit être complétée par un ensemble de mesures et un véritable cap, une ambition politique à la hauteur.
Cérémonies des voeux des maires
Face au manque de réponse de la majorité métropolitaine, le mouvement climat lyonnais qui grossit de plus en plus, interpelle directement la classe politique dans son intégralité. Alternatiba/ANV Rhône et l’association L’écoclicot s’invitent simultanément aux cérémonies des Voeux des Maires le 17 janvier 2019 dans le 3ème arrondissement où sont présents David Kimelfeld, président de la métropole de Lyon, Gérard Collomb, maire de Lyon ainsi qu’à la mairie de Saint-Genis-Laval. Avec non-violence et détermination 32 activistes se sont levés, dans la foule en plein discours, portant le même masque symboliquement. L’image est forte alors qu’aucun mot n’est prononcé sur ce problème de santé publique et l’urgence climatique pourtant au coeur des préoccupations des lyonnais. L’assemblée est attentive aux revendications portées sur un tract qui circule, les élus à l’écoute. Gérard Collomb promet alors aux militants une rencontre. Dans le même temps à Saint-Genis-Laval, l’interpellation fut forte, permettant de pointer du doigt le projet inutile, climaticide et irresponsable de l’Anneau des Sciences : un nouveau grand axe générateur de pollution, dont l’une des bretelles d’entrée serait installée à deux pas de l’éco-quartier du Vallon des Hôpitaux, à Saint-Genis-Laval, une incohérence totale.
Cérémonie des Voeux des Maires, Lyon 3, le 17 janvier 2019
200 graffs propres “On veut respirer” dans les rues de Lyon
Dans le même temps des militants de Greenpeace Lyon et Alternatiba/ANV Rhône décident de rendre la pollution de l’air ambiante visible : 200 graffs propres sont alors réalisés partout dans les rues de Lyon. Le message que tous les lyonnais peuvent lire est clair : “Lyon Suffoque” “On veut respirer”. On retiendra les propos d’un agent de police croisé sur cette opération en soutien des militants “Continuez ! La planète en a besoin.” et de cette passante résidant hors de Lyon “C’est bien ce message, je ne sais pas comment vous faites, je ne pourrais pas vivre ici”.
Une banderole “Lyon suffoque” au dessus du tunnel de la Croix-Rousse : soutien Ecole Michel Servet
Absence totale de réponse également aux parents mobilisés dans les écoles gravement touchées par la pollution, comme le collectif de parents de l’école Michel Servet (Lyon 1). C’est pour pointer cette irresponsabilité qu’une banderole est suspendue au dessus du tunnel de la Croix Rousse, responsable d’un des plus forts points de pollution de la métropole, l’école Michel Servet étant située à deux pas. Rendez-vous est alors donné pour la prochaine mobilisation de masse du 27 janvier et l’alarme lancée sur la rétention d’information de la métropole quant aux mesures réalisées dans les établissements scolaires. Nous sommes en droit d’obtenir des documents clairs faisant état des mesures relevées. La situation est grave.
5000 personnes bloquent la presqu’île de Lyon pour délimiter une zone sans voiture
Le 27 Janvier, 4ème mobilisation nationale pour le climat et une presqu’île bloquée. 5 000 personnes se rassemblent au centre-ville de Lyon pour un coup de force : une grande chaîne humaine qui se déploie des Places Terreaux à Bellecour, côté Rhône, côté Saône, les citoyens délimitant ainsi avec leurs corps une zone sans voiture sur la presqu’île de Lyon. Des images saisissantes d’une foule diverse et de tous âges, toutes et tous masqués, qui à l’arrivée Place Bellecour se coucheront malgré le froid et la pluie pour symboliser les 48 000 morts prématurées par an dûes à la pollution de l’air. Nous demandons la mise en place de journées sans voiture dans les centres villes de la métropole, un moyen efficace et pédagogique de tester les usages et préparer une mobilité libérée de la voiture individuelle.
28 janvier 2019 : le couperet
Dès 11h30, des militants de La Ville à Vélo, VALVE, Greenpeace et Alternatiba/ANV Rhône accueillent les élus du Conseil Métropolitain qui doivent voter la ZFE et à qui ils ont adressé au préalable une invitation au défi “Elus à mobilité positive”. Le but : récompenser les élus venus en Conseil Métropolitain en mode alternatif (vélo, transport en commun, train…) ce qui restera bien sûr à comparer avec leur engagement réel.
Deux militants ont ensuite pu, non sans persévérance, assister à la délibération du conseil métropolitain et noter que quasiment l’ensemble des groupes a souhaité s’exprimer : fait rare ! Mais surtout que la majorité des groupes politiques a demandé à l’exécutif d’aller plus loin dans cette ZFE, qui, si elle représente une avancée, est encore une occasion manquée de répondre aux différentes urgences. Les propositions portées par les organisations autour de la fin du diesel, de l’essence, de l’expérimentation de journée sans voiture ou la publication des mesures réalisées dans les écoles ont toutes été reprises.
Mais rien n’y fera.
La métropole de Lyon avait pris sa décision et comme le justifie Thierry Phillip, Vice Président de la Métropole à l’environnement, santé et bien-être dans la ville en conseil municipal de Lyon : “Nous souhaitons garder l’orientation emploi, […] l’orientation numéro 1 de la métropole” ou encore Roland Crimier, Maire de Saint-Genis-Laval qui dira que la ZFE permettra d’accélérer le renouvellement des véhicules les plus anciens et les plus polluants par de nouveaux véhicules individuels. Business as usual.
Ce ne fut que le début d’une campagne inédite, massive, multi-acteurs et multi-actions. Nous remercions l’ensemble des citoyens investis. Les lyonnais sont plus que conscients des urgences climatiques, sociales et de santé publique. Ils savent aussi maintenant que la classe politique actuelle n’est pas à la hauteur des enjeux.
L’ensemble des groupes politiques souhaitant construire des journées sans voitures dans leurs communes sont les bienvenus pour discuter et co-construire le monde dont nous avons besoin aujourd’hui et se montrer responsable face à l’urgence.
Nous ne nous arrêterons pas là et ne cautionnons pas les victimes à venir, et celles que nous sommes déjà.